The Allman Brothers Band at Fillmore East (1971)

 

Groupe phare du rock sudiste (avant l’émergence de Lynyrd Skynyrd…), les Allman Brothers et leurs compères sont des virtuoses, comme en témoigne ce double album live, testament à la gloire du guitariste Duane disparu dans un accident peu après. Petits détails qui me chiffonnent tout de même : leur son est beaucoup trop lisse, ce qui est suspect pour un groupe de rock, a fortiori en live (mais c’est produit par Tom Dowd, vous me direz) et leur manière de jouer révèle une discipline plus digne de l’instrumentation classique que du rock, une fois de plus. Et aussi, je ne comprends pas bien l’utilité d’avoir deux batteurs, puisqu’ils ne font pas beaucoup de bruit. (Et d’après ce que j’ai cru comprendre, cet album est assemblé artificiellement en mixant des versions de concerts différents)... Au niveau du répertoire abordé aussi il y a des trucs qui ne vont pas : la première face est composée de reprises de blues jouées avec compétence mais sans trop d'éclat. La deuxième face en entier est consacrée à une version allongée du classique « You Don’t Love Me » de Willie Cobbs, qui ronronne gentiment jusqu'à déboucher dans un jam (du genre : où on sait d’où on part mais pas où on arrive…). Le niveau remonte dangereusement sur la troisième face, avec deux instrumentaux composés par les membres du groupe, et qui fournit enfin un cadre adéquat à l’expression de leur technique instrumentale. La dernière face est recouverte par un autre morceau original du groupe (« Whipping Post ») dans une version interminable (et clairement excessive). La leçon à retenir est que les démonstrations techniques en endurance ne sont pas l’apanage du prog… à moins de considérer les Allman Brothers comme un groupe de prog (ce qui ne serait peut-être pas si bête que ça en fait, étant donné que leur technique d’improvisation emprunte au jazz comme au blues ou au rock)…

 

 

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