Catalogue (Gilbert Artman, Jean-François Pauvros, Jac Berrocal) – Insomnie (1987)

 

Le problème de l’avant-gardisme, c’est que parfois ça devient un alibi pour faire n’importe quoi. Exemple avec ce groupe qui réunit trois noms prestigieux de la musique expérimentale hexagonale : la collaboration pourrait théoriquement être géniale mais le résultat, caractérisé principalement par des allers-retours entre jazz et punk, semble (du moins dans cet album-ci) être du pur foutage de gueule, le plus souvent naze et même pas drôle. C’est particulièrement mauvais quand Berrocal chante : les reprises incongrues (« Avoir un Bon Copain » et « Be Bop A Lulla »…) sont nulles ou autrement incompréhensibles, tandis qu’un truc comme « Pas Touch’ » se présente ostensiblement comme une référence à Gainsbourg (« L’eau à la bouche » en particulier, pour les rimes en « ouch »…) mais bête et lourde, une imitatrice anonyme de BB venant donner le coup de grâce à la plaisanterie (pour des parodies avec un minimum de sens et de qualité musicale, réécouter plutôt Odeurs)… « Je Pars pour Rome » s’en tire un peu mieux en ressemblant musicalement à du Can, la prononciation à la limite du compréhensible renvoyant aussi à Damo Suzuki (?)… Mais les meilleurs passages sont incontestablement les instrumentaux (probablement improvisés…) au centre de l’album, « Insomnie » et « Nocturne » se rapprochant du jazz davisien mais en jouant faux (pour manifester le côté punk)…

Reste à évaluer dans quelle proportion le ratage est volontaire.

 

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