SeX PIsTOLS
– The Great Rock’n’Roll Swindle (1979)
Attention, il existe (au moins…)
deux versions de l'album : le double qui contient toutes les chansons, dont je vais
parler dans la suite, et le
simple qui, grosso modo, élimine les apparitions de Johnny Rotten (en
France cette version s'intitule
"La grande escroquerie
du rock'n'roll") - déjà
ça commence mal, et ça n'est qu'un détail
parmi tous ceux qui accréditent la démarche mercantile assumée et même revendiquée. Officiellement, le disque est la bande-son du film du même
nom (que je n'ai pas vu), réalisé par Julian
Temple et organisé à la gloire de Malcolm McLaren (dans son commentaire d'introduction superposé à une reprise orchestrale
de "God Save the Queen", il s'autoproclame inventeur du punk-rock et donne la formule du groupe
qu'il a créé et managé dans le but de devenir "millionaire" - oubliant consciencieusement l'existence du premier bassiste Glen Matlock).
Johnny Rotten apparait au travers
de démos ou d'extraits live, principalement
des reprises (notamment le massacre en règle de "Johnny B. Goode" et "Roadrunner",
qu'ils jouent apparemment sans les connaître, poussant Rotten à ordonner à Jones "Stop it !...
It's fucking horrible..."). Ceci fait partie de la légende du groupe, et
correspond musicalement à ce que l'on
attend. Mais la vision de McLaren
est plus large : Rotten ayant
quitté le groupe pour
fonder PIL, excédé par les idées du manager et par l'incompétence de Sid Vicious, le concept central du film et du disque
consiste à lui trouver un remplaçant : ce sont d'abord les membres restant du groupe qui s'y
collent, sur quelques originaux et plusieurs reprises dont la plus
notable est la mythique
version de "My Way" par Sid (dont les pistes principales ont été enregistrées
à Paris avec... Claude Engel, et retouchées ensuite par Steve
Jones et… Simon Jeffes). La
chanson qui donne son titre à
tout le reste consiste en
fait en une audition d'inconnus
sélectionnés pour leur incapacité à chanter juste ; le prétendant le plus sérieux, nommé Tenpole Tudor, chante (?) également le pastiche orchestral "Who Killed Bambi"
(titre imposé par McLaren,
paroles de Tudor et Vivienne Westwood...) - car l'un
des aspects les plus frappants du
concept vise à utiliser un orchestre à des fins parodiques (sous la direction non créditée de
Andrew Pryce Jackman, collaborateur
notammment de... Chris Squire sur
"Fish out of Water"). Ceci tend à démontrer l'adaptabilité
du répertoire des Pistols à des genres éloignés du punk : dans
le même ordre d'idée, le medley disco des "Black Arabs" est une étrange
réussite (plus discutable, l'adaptation franchouillarde "L'anarchie pour l'UK" avec violon et accordéon par un
certain Jerzimy). McLaren joue aussi les crooners (donnant un avant-goût de sa future pseudo-carrière solo), mais son cynisme culmine dans la provoc à deux
balles où Jones et Cook rejoignent au Brésil le cerveau en fuite de l'attaque du train postal, Ronnie
Biggs, pour en faire leur chanteur,
avec à la basse un acteur représentant le criminel de guerre nazi Martin Bormann (Vicious, défoncé, étant momentanément introuvable). Ce genre de plaisanteries ne pouvait que très
difficilement freiner la déconfiture du groupe (la perte subie est
évidente entre la prise
live de "Belsen Was a Gas" avec Rotten, et
la version avec Biggs). A l'écoute, le disque n’est pas mauvais (du moins
à condition de s'intéresser
réellement au groupe...), mais il est certain que la légende des Pistols doit davantage à "Nevermind the Bollocks" qu'à
cette "arnaque"....
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