SUICIDE (1977)
Le
duo Alan Vega / Martin Rev fait figure de pionniers pour la scène electro, en
ayant tenté d’imposer son minimalisme synthétique au cœur même de la tornade
punk qui secouait la scène rock en 77. Suicide reste d’ailleurs bien connu pour
ses shows où le public punk (avide de grosses guitares et hostile au moindre
clavier) leur jetait toutes sortes d’objets à la figure, et qui dégénéraient
parfois même en baston. La musique du duo a pour seuls éléments le chant
incantatoire obsessionnel d’Alan Vega, tour à tour croonant et grognant (voire
criant) dans son hommage/pastiche/déconstruction du rock des années 50, et le
fond sonore 100% synthétique assuré par les machines de Martin Rev (tenant parfois
davantage du bruit que de la musique, avec notamment comme rythmique une sorte
de bourdonnement de grelots continu). L’album sous sa forme originelle contient
(seulement) 7 morceaux, les 5 de la première face ont des airs identifiables et
relativement « joyeux », et sont assez représentatifs de ce que le
duo (et Alan Vega dans sa carrière solo) continuera de faire par la suite.
Mais la postérité du disque et de ses auteurs est assurée principalement par le
« Frankie Teardrop » qui ouvre la deuxième face et où Alan raconte sur
une trame sonore obscure et oppressante s’étalant sur plus de 10 minutes (on
dirait presque du Fripp & Eno), et à grands renforts de hurlements
terrorisants (enfin moi personnellement ça me fait plutôt rire, mais bon...), l’histoire
de Frankie, un ouvrier trop pauvre pour nourrir sa petite famille et qui décide
d’en finir à coups de revolver… Le dernier morceau semble être un hommage
mortuaire au « Che » avec un orgue (façon église ricaine ringuarde)
bizarrement adéquat en contrepoint d’un fond sonore sinistre. Le climat
préfigure différents courants qui apparaîtront dans les années suivantes (en
particulier la cold-wave et le gothique) et pas uniquement la musique
électronique… Ça a certainement fait plus progresser le rock que les albums
sortis par Yes ou Genesis à la même époque…
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