The Cheerful Insanity of GILES, GILES & FRIPP (1968)
Robert Fripp et les frères Giles ne se doutaient
peut-être pas à quel point la petite illustration qu’ils firent figurer au dos
de leur album était prophétique :
puisqu’ils se retrouvèrent exactement dans la deuxième
situation envisagée (Fripp a noté dans le livret du « Young Person’s Guide » comment son premier relevé de
royalties faisait état de la vente de 40 exemplaires au Canada et 1 en Suède –
total mondial : moins de 600)... Aujourd'hui encore, malgré plusieurs rééditions (dont la version CD contenant des bonus), cet album reste rare et coûteux. Les choses s’arrangeront pour le groupe par la
suite, avec les arrivées successives de Ian McDonald et Peter Sinfield (puis
Greg Lake pour remplacer Peter Giles) et la réorganisation musicale aboutissant
à l’apparition de King Crimson.
Cet album présente donc a priori un intérêt surtout historique.
Mais l’écoute est intéressante (et plutôt agréable) car au milieu de la pop typée
60s (qui rappelle un peu par moments certaines chansons de Pink Floyd époque Barrett) on peut déjà déceler des
prédispositions à expérimenter une musique plus sérieuse et dissonante. La « joyeuse
folie » annoncée par le titre s’exprime surtout au travers des histoires
pas spécialement drôles racontées par leurs auteurs respectifs dans les blancs entre les chansons (« The Saga of Rodney Toady » de Fripp sur la première face et « Just George » de Michael Giles sur la deuxième), et dont la présence irrite davantage à chaque écoute. Peter Giles
fournit quelques honnêtes chansons pop regroupées sur la première face. Son frère Michael
domine l’ensemble avec un jeu de batterie enflammé qui doit sans doute beaucoup
au jazz, et fournit certains des meilleurs titres de l’album (« The
Crukster », « Elephant Song ») mais également certains des
passages pop les plus plats (c’est vers cela qu’il retournera dans l’album « McDonald
and Giles »). Fripp aussi brille techniquement (et chez lui
aussi on sent l’influence du jazz) mais n’est réellement mis en avant que dans
ses propres compositions, en particulier les deux titres qui terminent l’album,
l’instrumental progressif avant l’heure « Suite No. 1 » (avec un
premier mouvement rapide pour guitare et piano, un mouvement orchestral lent anticipant
« Prelude : Song of the Gulls », un mouvement guitare/clavecin,
et retour au premier mouvement) et la chanson virant au jam « Erudite Eyes ».
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