Joy Division – Unknown Pleasures (1979)
Comparé
au suivant « Closer » qui fait figure (consciemment ou
non) de majestueuse élégie funèbre, le seul album sorti du vivant de Ian Curtis
sortait déjà du lot dans le paysage new-wave par son climat de noirceur et de
désespoir, mais sonne globalement plus rock. Les origines punks du quatuor
transparaissent même nettement au travers de morceaux plus courts et plus
dynamiques comme « Interzone » (quoique sur certains morceaux au
tempo plus lent comme « Day of the Lords » on croirait un peu
entendre ce qu’aurait pu donner Black Sabbath avec Jim Morrison comme
chanteur). A tel point que l’on pourrait presque se demander si « Unknown
Pleasures » n’est pas un album punk gâché par la production maniaque de
Martin Hannett, car ce dernier a laissé sa marque technocratique dans tous les
espaces disponibles des compositions du groupe. Ainsi on pourrait reprocher les
bruits bizarroïdes qui saisissent l’oreille dès le début de
« Disorder » et qui ne dépareilleraient pas dans l’œuvre d’un groupe
ouvertement farfelu comme Devo, mais constituent ici davantage une
distraction qu’un arrangement. Dans le même genre, les samples de bris de verre
dans le final « I Remember Nothing » ne sont pas gênants, mais
semblent un petit peu gratuits et pas tellement originaux (pour un peu on se
croirait chez Pink Floyd). Idem de l’écho sur la voix et des
percus bizarres sur « She’s Lost Control », ou des bruitages
d’ascenseur de « Insight ». Le « wall of sound » de
« Wilderness » et la sonorité cristalline des pistes superposées de
guitare solo de « New Dawn Fades » et « Shadowplay »
apparaissent en revanche comme des triomphes de la production de Hannett, qui
fit à mon avis mieux sur « Closer » (avec une approche plus sobre
mais offrant un véritable écrin à la musique, en particulier sur « The
Eternal ») et fut tout de même certainement LE grand producteur de la
new-wave après Brian Eno. A l’arrivée
ces quelques réserves auraient pu coûter à cet album la note maximale, mais il est sauvé sans problème par l’inébranlable
qualité de ses compositions et l’âme qui s’en dégage…
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