CAN – Flow Motion (1976)
Les
explorations rythmiques du groupe allemand prennent de singuliers détours sur
cet album qui fut leur plus gros succès commercial à défaut d’être leur œuvre
la plus pertinente artistiquement (contenant ce qui s’approche le plus d’un
tube dans leur carrière, le single « I Want More » qui leur valut
même un passage à la télé dans « Top of the Pops »). En effet leur
trip du moment semble être principalement reggae/dub ; mais ce serait trop
simple s’ils se contentaient de jouer du reggae comme Clapton reprenant Bob
Marley, ils prennent soin d’additionner des éléments bizarres qui permettent à
l’ensemble de présenter un aspect encore suffisamment expérimental et
avant-gardiste, et, il faut le noter, la maîtrise de l’interprétation reste
suffisamment valable musicalement pour intéresser l’auditeur malgré certaines
longueurs – ce qui distingue ce disque des errances ridicules des albums de
la fin. Exemple significatif : « Cascade Waltz »
mélange tempo de valse, sonorités jamaïcaines, slide hawaïenne en alternance
avec guitare psyché ou violon, bruitages célestes et/ou aquatiques (?), et voix
défoncée faiblarde (les parties chantées constituent traditionnellement le
point faible de Can après le départ de Suzuki ; à
noter que les paroles sont ici signées par un certain Peter Gilmour sans lien
de parenté apparent avec David). Autant le dire franchement, même,
cet album est sauvé du désastre principalement par Karoli (utilisant
particulièrement la pédale wah-wah), le déclin de Can découlant directement du
déclin de sa section rythmique. En fonction des morceaux, Jaki est réglé sur la
position « imitation de tribu africaine » ou fait (le plus souvent,
hélas) du service minimum. Service minimum également du côté de Czukay, qui au
contraire de Liebezeit sonne d’autant meilleur qu’il intervient peu (sa ligne de
basse dans « …and More », c’est une note toutes les 8 secondes…) – il
se trouve que c’est le dernier album de la série initiale sur lequel il tient
effectivement lui-même la basse. Au final cet album est intéressant surtout car
il anticipe les métissages musicaux qu’on entendra bientôt couramment chez les
groupes new-wave, en particulier Blondie, Talking Heads,
et même les Clash (quand ils feront chier tout le monde avec des faces
entières de dub sur « Sandinista! »…).
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