Theatre of Hate – Westworld (1982)
Voici un chef d'oeuvre relativement oublié de la new-wave proto-goth anglaise (la mode gothique étant déjà bien lancée à cette date avec Bauhaus, Theatre of Hate est tout de même stylistiquement plus proche de groupes antérieurs comme Joy Division) – mais c'est un chef d'oeuvre bancal. Le batteur Luke Rendle est l'un des plus performants dans le genre typique militaro-ethnique, et l'auteur-compositeur-guitariste-chanteur Kirk Brandon semble vivre ses paroles avec autant de conviction que, disons, Ian Curtis, mais s'exprime sur un registre plus exalté, au nom d'idées à défendre : la pochette presque aussi pire que celle du "Little Red Record" révèle qu'il y a des motivations politiques de gauche (extrême) chez ce groupe, un point commun avec les Clash qui explique sûrement pourquoi Mick Jones a atterri ici à la production – ce qui s'avère la première source de désagréments à l'écoute (le joueur de saxo du groupe étant la deuxième, sauf dans les moments où sa présence est réellement justifiée par les compositions). Mick Jones se comporte au mieux en Martin Hannett du pauvre, au pire en cloneur des sonorités Clash proto-altermondialistes gonflantes de "Sandinista!" et "Combat Rock". La principale faute de goût se situe ainsi au début de la deuxième face avec la suite à l'arôme artificiel d'Amérique du Sud (on se croirait chez Manu Chao...) "Conquistador" / "The New Trail of Tears" ; effectivement, y a quelque chose d'un peu progressif aussi là-dedans, en ce sens que les compositions sont ambitieuses par leur lyrisme et/ou leurs structures complexes. Dépassant les clichés du genre, mais rattrapé par une prod lourdingue, des morceaux de qualité trop aléatoires et un enrobage idéologique (contestable ou du moins dispensable), cet album a tout de même suffisamment de bons moments pour être réécouté avec intérêt.
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