Van Der Graaf Generator – Trisector (2008)

David Jackson ayant quitté le groupe, on pouvait craindre que VDGG ne se soit reconstitué que pour mieux se désagréger à nouveau. Avec ce nouvel album studio de 9 titres originaux (note aux employés de la maison de disque qui ont conçu le sticker promotionnel du CD pour le marché français : faut arrêter la colle, les mecs) et tous chantés sauf l’ouverture « The Hurlyburly », le trio restant prouve qu’il n’est pas à court d’idées, ni de l’envie de les interpréter. Evidemment, le premier réflexe à l’écoute de ce « Trisector » est de ronchonner : y a pas Jaxon, ça manque drôlement quand même, et pis les morceaux sont courts, c’est pas du vrai védégégé, on dirait un P.H. solo, ils ont dû enregistrer ça dans leur cuisine, y a trop de guitare, avec l’orgue tout pourri qu’il y a par endroits on se croirait dans « Walk of Life » de Dire Straits, ragnagna, etc… alors qu’en fait ces défauts (en supposant qu’ils en soient réellement) contribuent justement à renouveler le son Van Der Graaf : plus concentré, plus moderne, plus rock’n’roll, et peut-être même aussi plus technique dans l’interprétation (sauf certains passages particuliers où le chaos devient tel que, justement, toute notion de virtuosité ou de raffinement devient caduque et le groupe atteint son degré maximal de punkitude). Alors que tant de vieux groupes se reforment pour palper de l’oseille, VDGG continue d’évoluer artistiquement et peut même s’amuser à surprendre ses auditeurs. Il n’y a qu’à prendre le début du disque pour s’en rendre compte : du silence émerge un bruitage bizarre façon locomotive à vapeur, quelques notes de guitare se mettent à résonner au loin, bientôt rejointes par les percussions, quelques notes de synthé planante pour peaufiner l’ambiance cosmo-lugubre, et précisément à ce moment-là alors qu’on pense qu’ils vont essayer de nous refaire un « Lemmings », on tombe dans un instrumental purement rock’n’roll avec un riff nasillard style Shadows ou Ventures, un matraquage en règle de la batterie, et un petit air guilleret joué à l’orgue pour compléter le tableau. On enchaîne avec un « Interference Pattern » qui fait honneur à son titre en affichant une complexité technique et rythmique proche du math-rock (Guy Evans = Damon Che + 40 ans de carrière dans les bras), puis « The Final Reel » qui ne serait qu’une ballade chiante si le groupe n’y montrait une manière suprêmement subtile et maligne d’altérer l’atmosphère au gré de l’avancement du morceau… et c’est comme ça tout le long du disque, à part peut-être le dernier quart d’heure où l’on retombe en territoire plus balisé (en particulier avec le « Over the Hill » de 12 minutes et demie qui fera le bonheur des nostalgiques de « Still Life »). A l’arrivée, un nouveau chef-d’œuvre, qui s’améliore avec les écoutes et s’avère finalement relativement plus intéressant que « Present » qui – Jaxon ou pas Jaxon – avait un goût d’inachevé du fait de son format particulier et expérimental.

 

Oui, c’est vrai, le CD aurait mérité une meilleure pochette.

 

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