Amon Düül –
Disaster (1971)
La plaisanterie facile
à faire à propos de cet album (double) est de dire qu'il porte bien son titre ;
et généralement d'embrayer sur des commentaires élogieux à l'égard des
sécessionnistes d'Amon
Düül II.
Erreur monumentale.
Le groupe qui resta brièvement ensemble sous le
nom d'Amon Düül après le départ de Karrer, Weinzerl, Knaup et cie souffre
d'une mauvaise réputation, pas aidée par la bizarrerie de sa discographie (4
albums seulement, dont 3, y compris cet ultime « Disaster »,
proviennent d'une même jam session de 2 jours en 1968)... Pourtant cet album-ci
au moins est très intéressant, malgré ses limites qui sont principalement
techniques : aucune virtuosité, la qualité d'enregistrement n'est pas au top,
l'ensemble est compact et peu diversifié, avec certains passages qui cherchent
longtemps sans trouver grand-chose (il ne faut pas oublier que tout est
improvisé...), et l'ambiance de happening communautaire est tangible (le chant,
quand il y en a, se résume globalement à une scansion inintelligible, qui fait
très « cro-magnons » voire parfois « mecs (ou gonzesses) bourré(e)s »).
Ces défauts se transforment en qualités dès lors qu'on examine la nature
profonde de la musique jouée ici : sans concession et réduite le plus souvent à
son expression fondamentale, à des rythmes tribaux ou martiaux (prédominance
des percussions...), à une répétitivité mantrique issue du fond des âges. Le
groupe touche en fait là à l'essence même, ouvrant le cortège de nombres de
krautrockeux (c'est une démarche analogue réintellectualisée qui animera Can, devenue
"motorik" avec Neu,
plus fine et subtile mais également intemporelle et mantrique pour Popol Vuh...)
et d'autres (on retrouve ce concept de répétition primordiale, d'obsession
à la base du travail de Vander ou Pinhas...), avec une rudesse et un côté « n'importe qui
peut le faire » qui anticipent le punk, renvoyant par la même occasion de
ses dissidents
l'image qu'ils méritent : celle de connards de hippies blagueurs…
Les collectionneurs ont le choix entre deux
pochettes : une insignifiante (originale BASF) et une laide (réédition
Rocktopus)...
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