MAGMA –
Köhntarkösz (1974)
« Köhntarkösz »
est, avec l’album précédent « Mëkanïk Destruktiw Kommandöh », une des
pièces les plus importantes de la discographie de Magma, et à ce titre un mètre
étalon de la musique « Zeuhl », branche du rock progressif
typiquement française caractérisée généralement par une inspiration jazz
importante et par le chant en « kobaien » (langue imaginaire inventée
par Christian Vander, batteur et principal compositeur de Magma – lui-même, ses
disciples et ses fans les plus acharnés considèrent que ça a une signification
se rapportant à une mythologie extraterrestre, mais la plupart des auditeurs ne
percevront là qu’un moyen de rendre le chant incompréhensible et de replacer
ainsi les voix au rang d’instruments musicaux). L’album comporte en premier
lieu la longue composition scindée en deux parties qui lui donne son titre, et
qui repose sur les procédés éprouvés de répétition-amplification (qui ne
surprendront guère les auditeurs du Mahavishnu Orchestra original
et de King Crimson période Wetton)
auxquels s’additionnent des soli stridents (même remarque) pour créer une
ambiance de film d’horreur (même remarque divisée par 2)...
« Köhntarkösz » se distingue cependant par la manière dont sa tension
est agencée en relance permanente (dans la première partie surtout), donnant –
volontairement – l’impression de progresser tout en stagnant. C’est une œuvre
puissante et intéressante, mais qui risque de devenir un peu chiante à partir
du moment où on l’a écoutée un nombre suffisant de fois pour savoir où sont
localisés ses pièges et comment fonctionne sa mécanique interne. Deux titres
plus courts complètent le disque : l’instrumental final au piano et sans
batterie « Coltrane Sündïa » est évidemment un hommage au
saxophoniste (idole absolue de Vander), c’est une composition paisible à la
« Lotus on Irish Streams », voire à la Popol Vuh. Et puis il y a le « Ork Alarm » du
bassiste Jannick Top qui est un peu gênant sur le vinyle car il s’intercale à
la fin de la première face entre les deux parties de
« Köhntarkösz » : basse et violoncelle créent la trame du
morceau sur laquelle s’ajoutent des onomatopées exprimant une certaine bonhomie
de la part de ce qui est supposé être une armée extraterrestre en marche (un
peu comme les sept nains qui rentrent du boulot – mais défoncés au crack et avec
la ferme intention de violer Blanche-Neige)…
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