HELDON – Un
Rêve sans Conséquence Spéciale (1976)
Avant
d’être le héros de Mr Prog, Robert Fripp est le héros de Richard Pinhas (le
chef du groupe français Heldon), qui ne manque pas une occasion de lui témoigner
son admiration en lui faisant référence dans son œuvre (par exemple ici, le
titre de l’album est copié sur celui du bootleg de King Crimson à Amsterdam
en 73 chez TAKRL). Et d’ailleurs, s’il y avait un concours du
meilleur imitateur de Robert Fripp, Richard Pinhas le gagnerait sûrement haut
la main – quoiqu’en fait il utilise plus souvent les synthés que la guitare. Le
présent « Rêve » comporte 4 morceaux (6 dans la réédition CD…) qui
permettent d’appréhender les similitudes (et les divergences) entre les œuvres des
deux musiciens : si le premier morceau « Marie Virginie C. » (qui,
et c’est un peu dommage, est le plus rock et surtout le meilleur du disque) pourrait
se rapprocher d’un « Talking Drum » en live (je serais
curieux de savoir comment la fille à qui c’est dédié a réagi en entendant ça),
l’inspiration du dernier « Toward the Red Line » est
plutôt à chercher du côté de « Swastika Girls »
– et à chaque fois l’élève dépasse le maître pour ce qui est de l’acharnement
réellement sadique avec lequel il empile les sonorités à la limite de l’écoutable
(une citation extraite d’un bouquin sur Nietzsche est reproduite au dos de la
pochette afin de justifier la démarche artistique quasi « terroriste »).
Entre les deux, la démonstration de percussions du batteur François Auger « Elephanta »
et le défilé martial de « MVC II » procèdent de la même obsession
répétitive mais sur un mode moins frénétique. L’ensemble a curieusement bien
vieilli par son aspect très technoïde (en dehors de quelques sons de moog qui
trahissent sa date d’enregistrement véritable) et offre une alternative ténébreuse
à l’électro
planante bêtasse d’outre-Rhin…
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