Bernard Paganotti – PAGA (1985)

 

Lorsqu'on inspecte le dos de la pochette avant d’écouter le contenu, on est partagé entre l’excitation du souvenir des exploits passés de Bernard Paganotti (et de Patrick Gauthier qui participe pratiquement à chaque morceau), et la crainte de le(s) voir s’embarquer dans un jazz-rock 80s commercial foireux (avec des synthés pourraves, du slap à la con, du chant façon variétés, etc…). La première chanson de l'album (chantée en anglais par Paganotti lui-même, avec une paire de choristes féminines très 80s…) me fait un peu le même effet que "Everyday" au début de "Spectral Morning", à savoir que la partie initiale sur un rythme assez lent (pour ne pas dire mou) fait bien redouter le pire pour la suite du disque, puis fort heureusement le tempo s'accélère pour permettre enfin à un solo de basse à 5 cordes de justifier l'existence du morceau. Parce que l'intérêt principal de la musique, au-delà d'une virtuosité évidente mais jamais gratuite, réside bien sûr dans les sonorités très particulières de Paganotti, ces grognements ou rugissements parfois presque obscènes qu’il tire de ses instruments (faut dire aussi que, entre les basses de chez Jacobacci et le Chapman stick, il est bien équipé pour). Les choses continuent ainsi de s'améliorer avec "Mitchinoku" chanté cette fois en japonais (le texte étant fourni à Bernard par son épouse Naoko, qui a également réalisé le gribouillage mis à l'avant de la pochette, et où elle a cherché à le représenter coiffé d’un casque de samouraï... enfin… je crois...), un truc moitié zeuhl moitié funk (de la zeuhl phase II mais en bien, quoi), avec la ligne de basse monstrueuse qui va bien pour ça, et qui rappelle bizarrement des trucs des Flying Lizards genre "Her Story" ou "Russia" (ou constitue aussi un précédent à "Shibuya Bop"...). La deuxième face commence par une chanson courte mais déjà trop longue, en anglais encore ("Show Town"), qui présente d'autant moins d'intérêt qu'elle retarde l'arrivée de la pièce de résistance de l'album, celle authentiquement zeuhl qui vous aura impérieusement fait acheter le disque à la simple lecture des noms des participants sur la pochette : car avec "Une Parcelle d'Urantia" on tient ni plus ni moins qu'une reformation de Weidorje, sauf que c'est Christian Leroux (ex-Transit Express) à la guitare (et qu’il y a les choristes en plus). Et c’est effectivement tellement jouissif que l'on en pardonnerait les quelques défauts du morceau, dont le principal est l’aspect précipité (voire sans queue ni tête) de certains enchaînements, impression d'autant plus sensible à cause du "Final" enregistré séparément avec un autre équipage (Claude Salmieri à la batterie...).

Pour résumer, c’est un disque conforme à l'attente de l'auditeur, et même mieux que ça car le côté 80s redouté ne vient heureusement pas tout dénaturer. Et c'est déjà pas si mal…

 

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