John Greaves – Parrot Fashions (1985)
Voici un disque qui ne paye pas de mine sous sa pochette un peu moche avec en fond la tour Eiffel (ça a été enregistré pour le marché français, en France avec des musiciens en majorité français, et c'était même sponsorisé par Télérama…), mais qui s'avère excellent à l'écoute. Grande découverte à l'occasion de ce disque : Mireille Bauer n’est plus seulement l’équivalent français de Ruth Underwood, elle peut aussi jouer de la batterie comme Grant Hart. Autre grande découverte (relativement plus importante) : François Ovide, malheureusement disparu en 2002 et injustement méconnu du public bien que son jeu devrait normalement le faire classer parmi les meilleurs guitaristes français de tous les temps... L'ancien bassiste d'Henry Cow quant à lui s'affirme ici comme un très bon chanteur, peut-être pas super habile techniquement, mais au timbre réellement porteur d'émotion, en harmonie avec Kristoffer Blegvad (le frère de Peter, qui lui-même n'apparaît pas comme interprète mais a fourni la plupart des textes des chansons) comme choriste. La réussite de l'album tient en grande partie à la conservation d'un intellect post-canterburien (c’était sponsorisé par Télérama, hein…) sous des dehors plus consensuels et à l'écoute de la modernité : ainsi cohabitent d'élégantes ballades où Greaves passe derrière les claviers (et laisse généralement les parties basses aux bons soins du violoncelle de Denis van Hecke), et des morceaux plus rythmés, électrifiés (où il tient sa basse électrique et en tire éventuellement des lignes bien tordues), qui assimilent les apports d'une new wave façon Talking Heads (et souvent en fait les deux types de tempo se télescopent dans une même chanson, comme par exemple dans la reprise de "How Beautiful You Are" qui, sans être parfaite dans sa deuxième partie après l'entrée de la rythmique, reste infiniment plus belle que l'originale de Blegvad). On retrouve un peu ici le même type d'ambiance mélancolique et discrètement expérimentale que dans certains albums solo de Peter Hammill ; quelque chose de très envoûtant qui fait de ce "Parrot Fashions" un vrai coup de cœur sur lequel j'aimerais attirer plus d'attention (bien que c’était déjà sponsorisé par Télérama)…
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