Miles Davis – « Isle of Wight » (1987)

 

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Les préjugés ont parfois du bon : quand on veut les vérifier.

J’entends par là que, lorsque je suis tombé sur un exemplaire de cette compilation publiée en 1987 (à ne pas confondre avec le « Isle of Wight Concert » sorti en 2007 et qui présente une version plus complète de la prestation en question), mon attention a été attirée par le fait que la première face était un morceau live (du 29 août 1970 au festival de l’île de Wight [*], bien évidemment) et la deuxième le rassemblement de trois singles enregistrés de 1970 à 1973 (et jusqu’alors non republiés en album), soit donc 6 titres de studio (ça fait un peu foutage de gueule pour un disque qui porte implicitement un titre de live...) mais COURTS (durée moyenne 2 minutes 30) : car en effet, ça m'a donné la curiosité de vérifier à cette occasion si Miles Davis, dont les quelques albums studio que je connaissais auparavant me faisaient (me font toujours…) royalement chier, était plus intéressant que d'habitude

1/ dans le contexte live ?, et

2/ sur des formats de composition plus ramassés ?...

 

Pour être tout à fait honnête, le fait que John McLaughlin figure listé parmi les musiciens du premier single a aussi fortement pesé dans la balance au moment de l’achat, mais...

 

Plus tard, en cherchant plus d'informations sur le disque, j’ai eu la satisfaction supplémentaire de constater qu’il s’agissait d’un tirage apparemment très rare, destiné principalement à l’époque au marché français (avec au dos des notes en anglais et en français par un certain Henri Renaud que je n'ai pas l'honneur de connaître) et doté d’une valeur de collection relativement importante bien qu’il ne paye vraiment pas de mine sous son design de pochette au rabais (bon évidemment le mien n’est pas dans le meilleur état possible et n’atteindrait donc pas sa côte pleine… si je voulais le revendre, ce qui n’est pas le cas a priori… enfin, euh… faire offre ), enfin bref… Pour revenir à la musique, et répondre à mes deux interrogations ci-dessus, la réponse est 1/ oui et 2/ moui, bof… Je vais donc commencer par la deuxième face pour m'en débarrasser (et car c’est aussi dans cet ordre-là que j’ai écouté…) : les singles sont intéressants surtout du fait qu’ils sont globalement assez énergiques, qu'ils n'ont effectivement pas le temps de devenir trop chiants, et qu’ils mélangent des éléments sonores d’origines différentes, avec notamment des instruments indiens, dans un contexte principalement funk (on se croirait souvent dans une bande originale de giallo ou de blaxploitation, irrémédiablement 70s…) donnant une importance capitale à la section rythmique, avec un côté très artificiel venant en partie de Teo Macero avec ses gros ciseaux et son tube de colle (difficile de ne pas faire un rapprochement avec Can pour la richesse des percussions et des basses, et les bidouillages au montage de Czukay)...

 

Et évidemment on n’entend quasiment pas du tout John McLaughlin…

 

La face live qui est la vraie raison d’être du disque (puisque lui donnant quand même son titre…) recycle le « Call It Anythin’ » de 17 minutes et demie déjà publié précédemment sur une vieille compile CBS en 3 LP des festivals de Wight et Atlanta (« The First Great Rock Festivals of the Seventies »). Sachant que la présence de Miles et cie (Gary Bartz, Chick Corea, Keith Jarrett, David Holland, Jack De Johnette et Airto Moreira) a duré environ 38 minutes au total et que les 17,5 minutes qui restent là se décomposent grosso modo en trois grosses parties sensiblement égales en durée et clairement articulées entre elles, calculez la probabilité que Teo Macero ait encore joué avec ses gros ciseaux. Ce qui n’empêche pas le morceau de paraître tout de même excellent (enfin, peut-être un peu plus le 2ème tiers, et un peu moins le 3ième… et malgré l’absence de guitare) car là encore axé en priorité sur la puissance du rythme, rehaussé de touches avant-gardistes (Airto champion du monde du bruitage percussif crétinoïde devant Jamie Muir…) et surtout tellement énorme et intense et chaotique et échappant à toute définition (fusion ? non, jazz mutant certainement, mais à aucun moment jazz-rock ni jazz-funk, bien que quand même tout ça à la fois) que je ne sais pas comment finir ma phrase.

 

*

 

[*] pour mémoire, le programme comportait aussi des trucs genre E.L.P. (avec leurs « tableaux d’une exposition »…), Jethro Tull

 

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