Can - Ege Bamyasi (1972)

Il existe entre "Ege Bamyasi" et "Tago Mago" le même genre de relation qu'entre "Birds of Fire" et "The Inner Mounting Flame", "Still Life" et "Godbluff", ou encore "Close to the Edge" et "Fragile", à savoir que nombreux sont ceux qui, principalement sur la base d'un relatif raffinement technique et/ou d'une plus grande accessibilité, considèrent l'album deuxième chronologiquement comme mieux que le précédent, et vont même parfois jusqu'à le désigner le plus sérieusement du monde comme le meilleur de toute la carrière du groupe concerné. Ce qui est faux.

« Tago Mago » c'était de la recherche fondamentale, « Ege Bamyasi » c'est de la recherche appliquée. Ainsi, pour la plupart des titres de « Ege Bamyasi », on peut identifier un titre de « Tago Mago » dont il est la redite miniaturisée, simplifiée et/ou adoucie :

- « Pinch » = « Halleluwah » en 2 fois plus rapide, donc 2 fois plus court, mais quand même 2 fois plus chiant – « désolés, on manquait de place, c’est un album simple cette fois »,

- « Sing Swan Song » = « Bring me Coffee or Tea », mais sans caféine pour pas que ça énerve,

- « Vitamin C » = « Mushroom », en comprimés, ne pas dépasser la dose prescrite,

- « Soup » = potage « Peking O » mais avec le retour des 60s au lieu de l’annonce des 80s + un petit peu de jus de « Aumgn », livraison gratuite (le coursier circule à un moment sur une route nettement plus encombrée et périlleuse que la grande autoroute kraftwerkienne).

Pour le reste, le single « Spoon », qui fut le plus gros succès commercial de Can jusqu’à « I Want More », et leur inspira plus tard le nom de leur maison de disques, est la chanson la plus entraînante, parfaite et représentative du groupe dans un format pop concis de 3 minutes, mais « I’m so Green » pour la même durée paraît bizarrement très simple et vieillotte, tandis que « One More Night » dénote une évolution louable mais à mon sens un petit peu regrettable a posteriori vers la suite de leur discographie, caractérisée par des ambiances plus feutrées dues en particulier à un Schmidt plus audible (au sens : mixé plus en avant, et au sens : d'inspiration plus consensuelle...) et un Liebezeit qui retrouve des tics de batteur de jazz au lieu de persévérer dans le martèlement mécanico-tribal.

Je vous rassure quand même, ça reste une bonne idée de vouloir aller revendre votre collection complète de Genesis pour acquérir ce disque à la place. Quoique, si vous trouvez déjà quelqu’un d’assez inconscient pour vous la racheter, ça devrait vous faire dans les à peine 10 euros, de quoi payer au mieux le quart ou le tiers d’un exemplaire original en bon état de « Ege Bamyasi » (et là je ne parle même pas de la version allemande incluant le poster, qui monte à plusieurs centaines d’euros sur eBay)...

 

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