Jean-Philippe Goude – Drones (1980)

Polydor

Après la séparation de Weidorje, Goude est le premier à rebondir avec cet album où tous ses acolytes du groupe réapparaissent à divers endroits parmi une liste de musiciens qui se lit comme un who’s who de l’électro-zeuhl parisienne. S’il y a une dominante jazz-rock expérimental, les styles sont assez variés (pour le meilleur et pour le pire…) ce qui nécessite de détailler un peu le contenu : l’ouverture « Les Saturnales » donne dans une fusion / zeuhl énergique mais pas violente, avec un chant sans paroles (Klaus Blasquiz), une basse féline (Paganotti) et un synthé flûte (était-ce la meilleure option ?…), le résultat faisant un peu penser à « Breathless » (d’autant que Kirt Rust tend à jouer comme Narada…). On enchaîne avec la « Sicilienne » de pile 1 minute, qui s’avère être un bidouillage synthétique insignifiant, pour tomber dans les rouages de la « Machine », morceau très annonciateur des travaux récents de Goude et relativement gonflé pour l’époque, combinant un quatuor à cordes avec une trame rythmique synthétique (assurée par Richard Pinhas) et différents bruitages (insérés par Jean-Louis Rizet). Vient ensuite « Drôle d'ère » qui fait très musique de film policier 70s (mais européen, pas type blaxploitation...), à savoir une sorte de jazz clacissisant un peu trop répétitif (c’est le morceau le plus mal vieilli du disque), avec notamment les frères Guillard. D’où le contraste avec « Coma », un truc proto-indus (joué par Goude seul) utilisant divers bruits dont une imitation de gouttes d’eau, qui s’apaise dans un coussin de synthé ; la première face s’achève par la goutte d’eau mise en sillon infini… « Terpidanse » qui ouvre la face suivante est une parodie de folklore avec des synthés véritablement horribles (Patrick Gauthier à la « flûte » et Goude au « biniou »…), qui vire au jazz-rock/new-wave à faire passer Gwendal pour des intégristes du trad. (avec Manu Katché à la batterie). Ensuite le « Duo » d’à peine plus d’une minute (et en fait joué par Goude tout seul) a l’air de sortir d’un Atari ST...

Jusqu’à présent on a eu à boire et à manger, mais rien de vraiment essentiel. Les trois derniers morceaux vont remédier à ça, avec d’abord un « Dies Irae » où Paganotti et Rust volent complètement l’intro avant d’être rattrappés par le piano et le régiment de guitaristes (Ramo… euh Alain Ranval, + Michel Ettori + Jean-Michel Kadjan + François Ovide…) : comme « Les Saturnales » en plus violent cette fois-ci (avec un final à la « 21st CSM »…). « Tintinnabulum » (le plus long de l’album avec presque 7 minutes) commence comme un jazz-rock mollasse de série (avec les Auger-Bâtard à la rythmique), mais la mayonnaise prend au cours du solo de guitare de Pierre Chérèze, pour parvenir à un final à la Terry Riley qui consacre une vraie réussite. « Cantilene » est le passage le plus simple de l’album en terme d’instrumentation (juste le piano de Gauthier, et le synthé de Goude qui prend le relais) mais forme une extension du caractère mantrique du précédent morceau, et constitue un final parfait à l’album.

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